Signature Patrice Vergriete Maire de Dunkerque et Président de la communauté urbaine

MAIRE DE DUNKERQUE - PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ URBAINE

Un grand plan d’investissement d’avenir communautaire !

24 novembre 2021

Ces cinq prochaines années, nous allons amplifier la transformation de notre agglomération. En ce sens, j’ai annoncé un plan d’investissement d’avenir à l’occasion d’une table ronde avec des acteurs économiques du territoire qui s’est déroulée ce mercredi 24 novembre à la Turbine, dont je vous invite à retrouver le propos ci-dessous.

Mesdames et Messieurs, élus et acteurs du développement de notre agglomération.

Il y a un peu plus d’un an de cela, à l’occasion du premier conseil communautaire de cette nouvelle mandature et au sortir d’une première séquence de confinement sanitaire, j’évoquais un moment charnière pour notre territoire face aux grands enjeux contemporains. Un moment historique, qui ouvre une période de mutation profonde et qui nous oblige à nous hisser à la hauteur des pionniers qui ont fondé la communauté urbaine il y a 50 ans.

Ces 12 derniers mois, nous avons préparé cette étape et posé les bases d’une nouvelle ambition. En commençant d’ailleurs par faire en sorte que la gouvernance de la Communauté urbaine soit à la hauteur des défis qui nous attendent. C’est tout le sens du nouveau pacte de gouvernance et du nouveau pacte fiscal et financier que le Conseil a adoptés, pour mettre plus de cohérence dans notre ingénierie commune, plus de solidarité entre les collectivités, pour faire en sorte que dans les années à venir tous les habitants de nos communes puissent tirer profit de la dynamique de notre territoire. 

Face aux multiples défis, climatiques, environnementaux, sociaux, économiques et démocratiques, nous avons également engagé une large réflexion sur nos politiques publiques, en y associant la population à travers la démarche « Changer la vie ensemble ». Qu’il s’agisse des grands services publics tels que l’eau, les déchets, l’énergie, la mobilité, qu’il s’agisse de nos grands choix d’aménagement qui doivent notamment repenser le lien entre ville et nature, qu’il s’agisse des nouvelles aspirations à vivre mieux, en meilleure santé, en accédant à l’éducation et à la culture, à la sécurité, nous avons initié une redéfinition en profondeur de nos moyens d’action. Pour être acteurs des grandes transformations qui touchent nos sociétés contemporaines, et ne pas les subir, nous nous sommes préparés à agir sur tous les leviers.

Le premier défi que nous aurons à relever sera celui de la transformation de notre économie. Vous le savez tous ici, vous l’avez d’ailleurs exprimé dans vos propos, les années à venir seront le théâtre de changements radicaux : du côté de l’offre – dans les choix énergétiques ou à travers l’exigence d’une économie circulaire par exemple – mais aussi du côté de la demande – avec une autre structuration de la mobilité et d’autres modes de consommation.

Notre territoire n’y échappera pas. Il sera même au cœur de cette mutation.

D’abord parce qu’il est un lieu de forte production énergétique. Cette caractéristique de notre littoral fait d’ailleurs notre force pour attirer des grands projets industriels. Pour garder ce potentiel, nous devons dès à présent miser sur les énergies décarbonées, sur un mix nucléaire et renouvelable. L’agglomération est donc clairement candidate au nouveau programme nucléaire français. Notre savoir-faire, acquis depuis des décennies, notre situation géographique au regard des besoins, notre profil de territoire, tout plaide en faveur du site de Gravelines dans les choix nationaux. Nous le revendiquons.

Mais, ne nous trompons pas, le nucléaire seul ne suffit pas. D’abord parce que nos besoins industriels sont immenses. Parce que le nucléaire apporte aussi risque et déchet radioactif qu’il nous faut limiter. Mais aussi parce que de nombreuses industries d’avenir, qui peuvent potentiellement s’implanter dans notre agglomération, exigent de l’énergie renouvelable. Pour la filière hydrogène, la filière des batteries électriques et bien d’autres, c’est notre mix énergétique, notre réseau de chaleur décarbonée et l’accessibilité via le port qui intéresse.

Notre attractivité pour ces nouvelles filières d’avenir devra également s’appuyer sur une anticipation des besoins de demain. La problématique de l’eau industrielle en est un bon exemple, tout comme la question du transport de l’électricité. Ces enjeux seront majeurs dans les années qui viennent et c’est aujourd’hui que nous devons trouver les solutions.

La décarbonation de notre économie ne touchera pas seulement la production énergétique mais aussi l’ensemble des industries déjà présentes sur notre territoire. Elle en modifiera profondément les process dans un mouvement de transformation dont on n’imagine même pas encore l’ampleur et les contours. L’exemple d’ArcelorMittal en est une parfaite illustration. Le défi est immense. Il aura des répercussions sociales, économiques, de formation professionnelle. Il bouleversera le rapport public-privé. Il se nourrira de nombreuses innovations, qu’il nous faudra susciter et accompagner grâce à notre université et notre plateforme Euraénergie. Tout cela fera entrer l’industrie dans une nouvelle ère, plus respectueuse du climat mais aussi de l’environnement, et notamment de la qualité de l’air. Et si Dunkerque veut participer de ce mouvement, si Dunkerque veut garder une économie compétitive et des emplois industriels, c’est maintenant que cela se joue !

Grâce à notre unité à l’échelle locale, qui réunit de manière étroite acteurs économiques et collectivités, il faut reconnaître que nous sommes bien partis. Ces derniers mois, les labels nationaux et les investissements d’Etat que nous sommes allés chercher et qui font de nous aujourd’hui un territoire pilote du modèle industrialo-portuaire du 21e siècle, nous ont donné une longueur d’avance dans la révolution qui s’annonce. Cette dynamique, nous nous devons désormais de l’accélérer encore, pour ne pas rater un tournant historique pour notre territoire.

La transition énergétique, la mutation de l’industrie, ne doivent pas occulter le besoin d’une économie diversifiée et d’une plus forte attractivité de notre agglomération. C’est un impératif social pour permettre à une variété de compétences de trouver un débouché en termes d’emploi, dans le secteur de la logistique par exemple. C’est aussi une exigence pour pouvoir attirer les ressources humaines dont nous aurons besoin demain, dans le secteur médical pour ne citer qu’un seul exemple. Nous aspirons tous à habiter un territoire où il fait bon vivre, un territoire animé dont on est fier, un territoire où on pourra travailler, se soigner, se former, se divertir…

Cette ambition passe par des investissements importants dans de nouvelles infrastructures, à l’image du projet CAP 2020. Elle passe aussi par un plus fort rayonnement de notre agglomération. Au cours de ces dernières années, il est vrai que les choses ont changé, notre image s’est incontestablement améliorée. Le bus gratuit, l’accueil de productions cinématographiques, le tourisme de mémoire, la rénovation et l’animation de nos stations balnéaires y ont grandement contribué. Mais nous devons rester ambitieux et de nouveaux projets doivent consolider cette tendance.

Pour ce faire, il nous faudra encore enrichir notre offre touristique et sans doute aussi revendiquer des valeurs de proximité et d’authenticité que notre population sait très bien porter et dont elle pourra se faire ambassadrice. Dans les années qui viennent en effet, les attentes en matière de tourisme évolueront et la recherche d’une expérience humaine que l’on voit poindre constitue une opportunité intéressante pour notre territoire.

Pour nourrir cette ambition d’attractivité, nous devrons également renforcer plusieurs marqueurs de l’offre territoriale. Ainsi, il nous faudra élargir notre gamme d’événementiels de portée régionale et nationale. Il nous faudra concrétiser un projet d’envergure pour la plaisance et le nautisme dont le potentiel économique est réel. Il nous faudra savoir rénover et repenser nos grands équipements, comme nous l’avons fait avec la BiB ou le stade Tribut. Enfin, il faudra poursuivre la modernisation de nos hôpitaux et travailler avec les acteurs de la médecine de ville à l’amélioration de la démographie médicale. L’attractivité de notre agglomération passe aussi par-là !

Construire une agglomération qui se tourne vers l’avenir passe en outre par des politiques publiques totalement repensées, comme je l’évoquais tout à l’heure. S’agissant des grands services publics, la révolution est en marche. Notre nouveau réseau de transport public totalement gratuit a ouvert la voie au cours du mandat précédent et les résultats sont là : en trois ans, la fréquentation a plus que doublé, ce qu’aucune agglomération n’avait jamais réussi à faire en France, et même en Europe ! Avec l’amélioration des cadencements vers Gravelines, Téteghem et Cappelle prévue à partir de septembre 2022, avec le plan Vélo + présenté il y a quelques mois, le rééquilibrage des modes de mobilité est en route. L’agglomération s’est donné les moyens d’entrer dans la transition écologique et nous devrons continuer dans cette direction dans les années qui viennent, en faisant par exemple l’acquisition de bus à hydrogène.

Mais notre ambition ne se limitera pas à la mobilité. Pour améliorer la performance énergétique des logements, le dispositif Eco-Habitat constitue déjà une révolution : un conseiller qui se déplace chez vous pour vous proposer un audit technique et financier gratuit et qui vous accompagne dans vos projets, des aides qui peuvent aller jusqu’à 100% de la prise en charge des travaux pour les plus défavorisés, c’est devenu une référence nationale. Il ne reste plus au gouvernement qu’à conditionner Ma Prim’Renov à ce dispositif local pour atteindre une totale efficacité.

Cette modernisation des grands services publics concernera également l’eau et les déchets avec un mot d’ordre : la sobriété. Mieux maîtriser sa consommation d’eau, jeter moins et recycler tout ce qui peut l’être, voilà ce que nous devons réussir à faire collectivement pour anticiper l’avenir. C’est la raison pour laquelle de nouvelles orientations de politique publique seront mises en place prochainement dans ces domaines.

Nous avons également engagé une profonde transformation dans la manière dont nous aménageons la ville. En valorisant mieux nos espaces publics remarquables, nos digues, nos canaux, nos parcs…, en donnant plus de place au piéton, en conciliant finement besoin de construction de logements et végétalisation, en engageant des programmes de rénovation urbaine d’ampleur là où c’est nécessaire, nous fabriquons la ville de demain.

Ces mutations dans les domaines économiques, environnementaux et urbains, les évolutions de nos services publics s’accompagneront de la création de nouveaux emplois pour lesquels nous aurons à préparer nos populations, notamment les jeunes générations. Notre système de formation et nos services de l’emploi vont changer d’époque. Comme on commence déjà à le percevoir, ils passeront d’une gestion de la pénurie d’offre à une exigence accrue d’adaptation de la demande aux nouveaux besoins. De leur capacité à se moderniser dépendra en grande partie l’impact social des mutations contemporaines. Ils pourront compter sur les collectivités et les acteurs économiques du territoire pour les accompagner, comme nous l’avons fait récemment lors de la création des deux écoles d’ingénieur en énergie-environnement, mais aussi pour les pousser car il s’agit d’un enjeu majeur. Nos jeunes ne devront pas rester en marge du développement du Dunkerquois !

Dernier enjeu des prochaines années, et non des moindres, toutes ces transformations devront être portées par les populations. La ville durable ne peut en effet se concevoir que si elle est démocratique et donc voulue, désirée par la plus grande partie des habitants. Or les mutations dont nous avons parlé ce midi sont complexes à appréhender, elles donnent aussi le sentiment d’un grand saut dans l’inconnu. Si vous ajoutez à ça, le brouillage généré par les réseaux sociaux, on imagine aisément le défi politique que l’avenir nous réserve. Mais dans notre agglomération, vous pouvez compter sur des maires engagés, des maires à l’écoute de leurs habitants mais capables aussi de leur faire partager un dessein collectif au-dessus de l’intérêt individuel. Et je veux les en remercier car leur rôle de garant sera essentiel dans les années à venir.

Vous l’aurez compris, notre territoire est donc à un moment clef de son histoire. Confronté à des défis d’ampleur, que nous devons préparer maintenant, sans attendre. Pour ce faire, nous pourrons nous appuyer sur le plan de relance national annoncé par le Président de la République. L’enjeu de la décarbonation de l’industrie et de la transition écologique y trouve en effet une large place.

Mais la Communauté urbaine doit aussi jouer son rôle. C’est la raison pour laquelle je vous annonce aujourd’hui la mise en place d’un grand plan d’investissement d’avenir communautaire de 250 millions d’euros pour les 5 années à venir. D’ici 2026, en ajoutant les investissements au titre de la programmation annuelle récurrente, c’est donc environ 600 millions d’euros que la CUD investira pour moderniser le territoire.

Ce grand plan d’investissement d’avenir communautaire aura vocation à accompagner la mutation de notre plateforme industrialo-portuaire, à renforcer l’attractivité de notre agglomération et à adapter nos services publics aux enjeux de la transition écologique. Il devra faire du Dunkerquois un modèle de ville durable, une référence nationale en matière de développement.

Aujourd’hui, la Communauté urbaine affiche ainsi une ambition redoublée, parce que la réussite du Dunkerquois dans les années à venir se joue aujourd’hui. Parce que la bataille des emplois de demain se joue aujourd’hui, parce que le rayonnement de notre agglomération se joue aujourd’hui, parce que la qualité de vie de nos populations se joue aujourd’hui, nous devons changer d’échelle et c’est de notre ambition que, demain, nous tirerons notre prospérité.

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